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Mon interview par le magasine Raw. Creative. - Interviewed by Raw. Creative.

For the first time on my website, a post will be totally in French my native language. A transcript can be obtained following this link : GOOGLE TRANSLATE


J'ai été en 2020 interviewé par le magasine Raw. Creative. (lien vers l'article). Merci à Fabrice de m'avoir interrogé sur ma pratique de la photographie.


Bonne lecture !


1- Peux-tu te présenter en quelques lignes ? Parcours/formation ? Comment la photographie est devenue ta passion ? Quelles sont tes inspirations ?


Je m’appelle Philippe Poublanc, d'origine Toulousaine et vivant à Paris depuis une dizaine d'années. Je travaille dans le domaine financier et je suis passionné par la création d'image.


Je ne dirai pas que je suis tombé dans la photographie étant tout petit cependant j'ai toujours baigné dans une atmosphère créative. En effet, à la maison j'étais toujours entouré des magnifiques tableaux peints par ma mère. Je ne m'en rendais pas compte à l'époque mais les conversations, ces peintures partout accrochées au mur, cette ambiance : tout cela m’a ouvert à l'art pictural. J'ai l’impression que mon œil s’est éduqué grâce à cet environnement.


J'ai eu mon premier appareil photo à l'époque du film. Il ne s'agissait pas d'un reflex, juste un compact de la taille d'une boite de cigarettes : un canon Ixus de 1996.

Canon Ixus

Je me suis longtemps considéré comme un technicien et mes images étaient des essais dont le seul but était de maîtriser la technique photographique. A bien y repenser et en regardant en arrière, cela a pris plus de temps que je n'aurais pensé. Je me suis formé de manière autodidacte, en échangeant sur des forums, en regardant des tutos sur des vidéos mais sans jamais prendre de cours.


J'ai été très longtemps utilisateur de la plateforme 500px sur laquelle j'ai trouvé beaucoup d'inspiration ; je voyais passer tellement de belles images très contrastées, très chaleureuses, beaucoup retouchées, parfois trop. Le site présentait les réglages utilisés, les objectifs. Ça m'a beaucoup aidé à trouver mon style et m’a fourni des outils pour m'améliorer.


Jusque-là je n'avais encore aucune ambition artistique, ni même de vocation paysagiste. Ce qui a tout changé c'est le Voyage.


Je n'ai pas visité de pays étranger avant mes 27 ans, ce n'était malheureusement pas dans les habitudes familiales. Je suis parti au Canada en “road trip photographique” avec un ami en 2013. Je venais d’acheter un canon 6D, mon premier appareil à capteur plein format. C'était mon premier road trip et la première fois que j'avais une démarche photographique. J'ai découvert plein de choses : la liberté qu’offre le road trip, mon amour pour la nature, l'échange photographique, la démarche photographique.


Canada road trip

On peut dire que je me suis découvert une nouvelle passion au Canada, et je n'avais qu'une envie : l'approfondir. C'est donc tout naturellement que je suis parti en Islande, ce pays qui m'a tant fait rêver par ses paysages scéniques si uniques. Ce voyage en Islande m'a permis de vivre de supers moments et de faire mes premières "belles images", des images dont aujourd'hui encore je suis fier ! Nous étions 3 lors de ce voyage et j’ai appris que la photographie de paysage, c’est un sport qui se complait dans la solitude : il est rare que les membres d’un groupe aient les mêmes envies, un paysage peut vous parler mais ennuyer les autres, vous pouvez passer trop de temps pour une image que les autres aimeraient et ça marche aussi dans l’autre sens.


Cette fois, je crois que j'ai appris malgré moi que la photographie de paysage était un plaisir qui se vit pleinement lorsqu'on n'a aucune contrainte ou qu'on ne doit pas composer avec les autres.


De retour d'Islande je n'avais qu'une seule idée en tête : repartir, en binôme avec mon appareil photo, être seul et pouvoir me concentrer sur mes envies d’images. A ce moment-là j'étais à Toulouse. En cherchant, je trouve un point d’intérêt : le pic du midi d'Ossau dans les Pyrénées à quelques heures de voiture. Le lendemain je pars et je me rends au pied de la montagne. J’arrive à 17h, il fait chaud et j'entame l'ascension. Je sais que le soleil se couche à 21h30, et que je dois absolument arriver avant que se produise un certain phénomène lumineux : le moment où l'ombre des montagnes se projette sur le pic et le découpe en deux, en une partie sombre et une partie incandescente, reflet d'un coucher de soleil rouge. J'étais loin de me douter de la difficulté et de la longueur de la randonnée. Par bonheur, j'arrivais à l'heure et je me mis à chercher une composition. J'avais une idée d’image en tête et l’angle qui m'intéressait, je ne l'ai malheureusement jamais trouvé. Cependant j’ai pu faire des images superbes et j’ai vraiment eu la sensation d'avoir réussi mon projet. C'est ce jour que j'ai vraiment réalisé ce qu'était la photographie de paysage.

Pic du midi d'Ossau

Depuis, il y a eu la Norvège, l'Islande (encore !), l'Italie, la Suisse, l'Ecosse, le Maroc, l'Inde, la Thaïlande, le Cambodge, la Corée du Sud... et bien d'autres ! Tous ces voyages m'ont permis d’approfondir ma passion, de découvrir de nouveaux styles.


Aujourd'hui je n'ai malheureusement pas la chance de pratiquer autant que je le voudrais mais la photographie est toujours dans un coin de ma tête, et je m'évade dès que possible avec mon appareil pour chasser l'image aux quatre coins du monde.

 

2- Comment viennent tes idées créatives ? Quelles sont tes références As-tu un style particulier qui t'inspire ? Qu'est-ce qui te démarque des autres ?

Il y a beaucoup d'artistes connus ou non qui m'inspirent et ce, dans tous les styles. Par exemple, j'ai toujours été très admiratif des photographes de studio, ils ont une imagination dingue et j'avoue les jalouser secrètement ! J'adorerais savoir modeler la lumière et scénariser à leur manière.


Ce qui m'a surtout inspiré ce sont les réseaux sociaux photographiques : Flickr, Instagram et 500px. J'y allais pour poster mes images, discuter avec des photographes mais surtout voir comment des artistes s'y prenaient pour faire des images que je ne savais pas faire. L'ensemble des paramètres de la photo sont accessibles sur Flickr et 500px, ce qui m'a beaucoup aidé à construire ma gamme d'objectifs et à affiner mon style d'image. Ça m'a d’ailleurs tellement formaté qu'avec un peu plus d’expérience, je trouve que mes images sont parfois trop contrastées. Quand je reviens sur certaines quelques années plus tard et que je les retouche à nouveau, j'arrive à un résultat très différent.

 

3- Quel a été ton projet préféré ? Quelle est ta philosophie sur ce métier ? Une anecdote ?


Finalement, l’image est la somme de toutes les histoires qui ont menées à immortaliser un moment. Il y a donc plein d'émotion autour de chacun de mes projets : des souvenirs, des anecdotes, des galères, des choses extraordinaires. Aussi, c’est difficile de n'en choisir qu'un mais je dirais que mon voyage en Norvège, aux Iles Lofoten est important dans mon périple photographique car il s’agissait de la première fois que je partais avec une démarche photographique.


Avant ça, je n'étais jamais parti à l’étranger en solo. Le fait d'être seul m'a confirmé que, du point de vue de la création, c'était un avantage extraordinaire. Je suis parti en Norvège pour pratiquer mon art et ce, au détriment de mon confort ou tout autre considération.

J'avais prévu de dormir sous la tente et bien que le climat dans le cercle polaire ne soit pas des plus clément, ce n'est pas la principale raison qui m'a fait l'abandonner. Le soleil de minuit, c'était tout l'intérêt de ce voyage. Il fallait absolument en profiter et donc travailler de 22h à 3h du matin, moment où le soleil se pose sur l'horizon pour y distiller une lumière douce et rougeâtre rendant une ambiance irréelle. A ce moment-là de la nuit, l’angle incident du soleil découpe les reliefs en projetant de longues ombres, tout ne peut être que beau avec cette lumière. Au début avec la tente, je devais d’abord m’établir, explorer, puis retourner à mon camp de base. Je me suis vite aperçu que je roulais jusqu'à 100Km par soir (aller/retour) et ce n'était pas possible. J'ai donc dû prendre une mesure radicale : pour ne plus perdre de temps sur mon moment de création, il fallait que mon lieu de repos soit mobile. J’ai donc fini par dormir dans la voiture. A partir de ce moment-là, j'étais libre. Libre d’explorer, de passer autant de temps que nécessaire dans un endroit qui m’inspirait, d'explorer les lieux les plus reculés. J’ai eu la chance chaque soir de fermer les yeux après avoir eu pour dernière image ces montagnes si particulières qui se jettent dans la mer, revêtues du manteau doré de cette lumière si douce qu'offre le soleil de minuit.


 

4- Quelle est ta méthode de travail ? Quel est ton matériel/setup favori ? Quelles sont les marques avec lesquelles tu travailles ? Comment te prépares-tu ?


Je travaille avec un trépied et quelques filtres : Densité neutre et polarisant. Pour l'appareil photo, je suis chez Canon depuis le tout début. J'ai essayé un Fujifilm une fois et j'avais trouvé ça bien mais avec Canon j'ai mes habitudes et j'aime les couleurs en sortie de boitier.


Aujourd'hui dans mon sac j'aurai toujours mon 5d IV, mon 16-35mm f2.8 L, mon 70-300L, mon trépied et mes filtres si je dois partir dans la nature. Si je prévois de faire de la photographie de rue, je rajouterai un 35mm L 1.4 ii ou un 50mm L 1.2 et mon 135 f2 L pour les portraits. Tout ça prend de la place, pèse lourd et devient rapidement une contrainte en voyage, mais c'est le prix à payer pour faire les images qui me plaisent.


Ma considération envers le matériel a beaucoup changé. Quand je débutais, le prix du matériel m’empêchait de l’utiliser librement. Je ramenais toujours l’utilisation au risque de détériorer, de perdre ou de me faire voler. Aujourd'hui, je considère ces objets comme des outils qui me permettent de créer. La priorité ira toujours à la création, peu importe la situation. Je rencontre souvent des gens qui ne perçoivent ces objets que par leur prix et l’image qu’ils renvoient, pas par leur utilité créative. Pour moi, ils passent à côté du plus important.

J'ai deux processus de création assez opposés : Dans le premier cas, je planifie mon image. C'est-à-dire que je fais un travail de recherche du sujet, je me renseigne sur les paramètres astrologiques et météo qui déterminent l’heure de la prise de vue, je choisi le lieu et le cadrage ; rien n’est laissé au hasard. Dans ce cas, il m'arrive de reproduire des images qui m'ont intéressées. Pour autant, ce n'est pas une démarche moins jouissive car les résultats sont souvent différents de la photo qui vous a inspiré. A un endroit et un cadrage donné, pour 1000 photographes et moments différents, on aura assurément 1000 images tout aussi différentes. Avoir sa photo, son interprétation, d’un lieu très photographié reste quelque chose d’intéressant et gratifiant.


Dans un second cas, je crée grâce à l'inspiration du moment et j'ai l'impression que c'est ce qui demande le plus de "métier". C'est également ce que je faisais le moins avant, et j'y viens de plus en plus car les choses “accrochent” mon œil maintenant : je vois des moments, des conditions et je sais ce que ça peut donner sur mon image. Ce en quoi ça consiste : partir sans planifier quoi que ce soit et explorer à la recherche d'images, tout simplement.


En général je sais ce que je recherche dans une image : la combinaison d'un endroit, d’un moment et d’un sujet unique ; une composition la plus simple possible ; un équilibre entre tous les plans de mon image. Savoir ce que l’on cherche est essentiel. La recherche de l’image parfaite, celle qui vous parle, c’est ce que j'appelle la "démarche photographique". Elle fait écho à un état d'esprit, à une volonté, à une dévotion complète à la cause photographique. C’est ce qui m’emmène à rester dehors quand tout vous dit de rentrer, ce qui me fait gravir une montagne, ce qui me fait aller à l’autre bout du monde en solo.


Lors du shoot, je suis patient, j'essaie différents cadrages, je cherche des points d'attentions, des lignes directrices, je vois ce qui marche le mieux. En général, j'essaie d'arriver assez tôt pour pouvoir me préparer. Au moment décisif (lever ou coucher de soleil), tout doit être prêt, j'ai choisi mon cadrage et je sais l'image que je veux. Tout ce qu'il me reste à faire, c'est de prendre des photos de différents moments et espérer de bonnes conditions météo.

 

5 - Quelle astuce technique pourrais-tu nous donner ? As-tu des conseils/rituels à conseiller ? Quelle est ta pire expérience ?

  1. : Prendre ses photographies à des moments où la lumière est particulière. C'est en général proche du lever et du coucher du soleil, vous pourrez alors observer les phénomènes d’heures bleues et d’heures dorée. De manière générale, plus l’angle incident du soleil est horizontal, plus vos images seront belles. Fuyez le soleil de midi.

  2. : Ne pas désespérer à cause de la météo. Un ciel encombré voir menaçant peut révéler des percées de lumières incroyables. Sans compter que les nuages hauts sont des supports à la lumière dorée/rosée d'un soleil qui se couche, on adore ces atmosphères.

  3. : Les nuages bas, fuyez-les. Ça ne rendra jamais rien.

  4. : arriver en avance sur le site. On n'imagine pas à quel point arriver au moment où la lumière est la plus belle sans être prêt est une situation stressante. En général, on n'a qu'une chance de prendre une belle image par endroit lorsqu’on voyage. Il faut l'exploiter au maximum.

  5. : Le trépied c'est la vie.


 

6- As-tu des projets à venir ? Expo/shooting/ tournages ? As-tu des demandes/casting/recherches à soumettre ? Un dernier mot ?

J'ai un projet sans aucun rapport avec la photographie de paysage mais je peux en dire deux mots quand même : je travaille actuellement avec un ami sur un projet mêlant photographie et poésie. C'est un projet qui parle de temps qui passe. Je veux travailler le mouvement dans ce projet, ce n'est pas quelque chose que je maîtrise parfaitement mais je crois qu'il faut parfois se fixer de nouveaux challenges pour continuer sa progression.


Mon prochain voyage n'est pas décidé mais j'ai une grande envie de découvrir la Laponie en hiver. J'ai été complètement émerveillé par le travail de Jean-Michel Lenoir là-bas. Ça m'a beaucoup inspiré et la perspective d'y croiser une aurore boréale m'enchante.

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